Safe Water Summit
Si vous me suivez sur Instagram vous avez sûrement vu passer mes stories toulousaines sur le Sommet de l’eau du 18 novembre. Le Safe Water Summit a été organisé par l’Agence Adour-Garonne avec pour objectif de questionner les spécialistes de l’eau sur des sujets essentiels : quelle eau boirons-nous demain ? Devons-nous craindre l’eau du robinet? Les pesticides impactent-ils la qualité de l’eau ?
La journée était plutôt technique donc à destination des professionnels mais dès 16h30, le débat grand public nous a permis d’en savoir plus sur cette ressource vitale qu’est l’eau. 3h d’échanges riches, de témoignages passionnants, de débats en présence de deux grands témoins, et pas des moindres, Jean-Louis Etienne, médecin, explorateur, écrivain, connu pour ses expéditions dans le grand Nord et Isabelle Autissier, navigatrice et Présidente de WWF France qu’on ne présente plus.
Difficile de résumer ici tout ce qui a été dit mais j’ai noté quelques idées intéressantes dont j’ai envie de vous faire part.
♦ ♦ ♦ Et si vous souhaitez voir les vidéos du Safe Water Summit, tous les échanges ont été enregistrés et sont disponibles ici
Retrouver confiance en l’eau du robinet
Tous les spécialistes sont unanimes : il faut redonner confiance en l’eau du robinet. La question de l’eau est une question collective mais le consommateur a un grand rôle à jouer et s’il n’a pas confiance en l’eau du robinet, cela complique sérieusement les choses !
L’eau du robinet en France est sûre et peu chère !
En France l’eau du robinet est extrêmement contrôlée. Elle répond à un grand nombre de critères chimiques et bactériologiques. C’est “l’aliment” le mieux encadré donc le plus sûr à la consommation !
La question des résidus de pesticides présents dans l’eau du robinet est posée. Réponse : on en trouve 0,1 mg par litre d’eau, soit l’équivalent d’un carré de sucre dans une piscine olympique. Une très faible dose qui ne doit pas nous empêcher de consommer cette eau ! (mais nous alerter sur les problèmes à traiter en amont, j’y reviendrai plus bas).
Jean-Louis Etienne le rappelle :
Si votre santé est normale, buvez de l’eau du robinet !
De plus le prix d’une eau minérale est 100 à 200 fois plus élevé que celui du robinet ! L’argument économique est important et devrait peser dans le choix des consommateurs.
Eau du robinet versus eau minérale
Et évidemment, l’argument écologique l’est tout autant : chaque année en France plus de 9 milliards de bouteilles plastiques sont achetées. Dans le triste classement des plus grands consommateurs de bouteilles plastiques au monde nous sommes 5ième. Aïe aïe aïe ! Cela représente 25 millions de bouteilles plastiques jetées chaque jour. Et si les choses ne changent pas ? Et bien en 2050 il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans. Des chiffres qui font froid dans le dos.
La solution la plus facile à mettre en œuvre pour remplacer ces bouteilles qui ruinent la planète ? L’utilisation d’une gourde en inox que l’on remplit d’eau du robinet. Un geste simplissime. Plus écologique, plus économique, plus pratique. Personnellement je suis loin d’être zéro déchet mais parmi les premiers efforts que je fais pour préserver l’environnement, le choix d’une gourde que j’emporte partout avec moi est fait depuis un an et je ne reviendrai pas aux bouteilles plastiques !
♦ ♦ ♦ Et pour les plus réticents, notez que vous pouvez vérifier la qualité de l’eau potable de votre commune sur le site dédié du Ministère des Solidarités et de la Santé en cliquant ici.
Economiser l’eau
Tout le monde veut de l’eau ! Pour boire, pour faire son électricité, pour cultiver. Malheureusement, les glaciers s’effondrent, les chutes de neiges s’amenuisent. D’ici 2050 on manquera de 1 milliard de mètres cubes d’eau !
[Jean-Louis Etienne]
Donc ? Donc on doit faire des économies sur notre consommation ! Collectivités, entreprises, citoyens, c’est une responsabilité commune. La Présidente de la Région Occitanie Carole Delga a par exemple expliqué comment la région aide et invite les agriculteurs à se tourner vers des exploitations moins “aquavore” et plus adaptées aux changements climatiques. Tout repose sur ces changements.
Comme le disait Isabelle Autissier “c’est à l’homme de s’adapter au climat car l’inverse ne sera pas possible”. Il faut donc repenser les cultures, essayer de remplacer celles qui ne supportent pas le changement climatique (piste de réflexion pour le maïs par exemple qui consomme énormément d’eau et qui pourrait être remplacé par le sorgo à l’avenir).
Et à la maison ? Jean-Louis Etienne rappelle : “en France beaucoup d’entre nous avons un toit au dessus de nos têtes !Et bien profitons-en pour récupérer les eaux pluviales !” Un collecteur d’eaux de pluie c’est de l’eau pour arroser le jardin, laver sa voiture, sa terrasse. Une eau gratuite qui ne vient pas creuser le déficit d’eau potable. D’autres gestes simples peuvent être mis en place : une douche plutôt qu’un bain, un verre d’eau quand on se lave les dents plutôt qu’un robinet qui coule, l’installation d’un réducteur de débit d’eau sur les robinets etc.
♦ ♦ ♦ Pour découvrir les gestes simples pour économiser l’eau cliquez ici!
Moins polluer l’eau : le cas des pesticides
Moins on va polluer, moins ça coutera cher de dépolluer !
[ Isabelle Autissier ]
Protéger plutôt que traiter, en somme. A ce titre l’agence de l’eau Adour Garonne travaille par exemple à la protection des zones de captages d’eau en finançant une partie des périmètres de protection des captages. Pour faire simple cela permet d’éviter les risques de pollutions (par exemple bactériologique) dans ces zones où l’eau est captée.
Autre cheval de bataille : l’utilisation des pesticides dans le milieu agricole. La réglementation impose le retrait progressif des substances les plus toxiques sur le marché mais les efforts sont à poursuivre. Car si la présence de molécules de type Atrazine ou Diuron a énormément diminué, l’agriculture reste le premier pollueur de nos sols. Sur ce point-là, si tous les intervenants s’accordaient sur la nécessité de réduire l’utilisation de produits polluants, il y avait des divergences quant à la mise en œuvre et au timing.
Le Vice-Président de la FNSEA Henri Bies-Piéré défend les intérêts des agriculteurs et se veut moins alarmant que d’autres sur la situation : “On a véhiculé l’image d’agriculteurs qui utilisent de gros appareils pour traiter leurs cultures, on respirerait presque les produits à travers la télévision. Mais aujourd’hui on travaille avec des petits robots précis qui déposent le produit sur la zone à traiter ! On prend des précautions pour les appliquer, avec des gants et des combinaisons. La plupart des résidus trouvés dans l’eau sont le résultat de l’agriculture de nos parents voire de nos grands-parents. Nous voulons faire évoluer ces pratiques, il faut aider les agriculteurs à limiter l’usage de produits phytosanitaires mais on ne peut pas tout arrêter. Si on ne soigne pas la plante c’est toute la production agricole qui va s’effondrer.”
D’après François Veillerette, Président de l’association Générations Futures, c’est faux : “pour les cultures des grands systèmes de plaine sauf la pomme de terre on peut aller aux objectifs du Grenelle à savoir moins 50 % de pesticides en perdant un peu de rendement mais en maintenant la rentabilité. L’optimum économique n’est pas forcément dans le rendement le plus élévé ! C’est faisable à condition d’être bien encadré ! Et sans aller forcément jusqu’au bio. Le débat contient en germe les solutions du problème : si la société française se questionne autant sur l’agriculture c’est qu’elle vous délivre une nouvelle commande sociale Dans les années 50 on vous demandait de produire plus car tout le monde ne mangeait pas à sa faim, et les agriculteurs y ont répondu. Mais aujourd’hui la demande sociale a changé : les français demandent de la qualité sous toutes ses formes, des impacts environnementaux et sanitaires réduits.”
Enfin pour Isabelle Autissier : ” Il ne s’agit pas de dire : les agriculteurs sont des méchants, ils font des choses pas belles : ça n’avance à rien ! Beaucoup d’agriculteurs ont envie de changer, beaucoup sont conscients qu’ils manipulent des produits potentiellement dangereux. D’ailleurs le fait qu’ils mettent masques et gants nous alertent sur le fait qu’ils manipulent des produits pas anodins, qui vont directement dans le sol, être absorbés par des animaux, passer dans les nappes phréatiques etc. Nous sommes dans un système global. Pour l’instant on a peu diminué les pesticides. Mais soyons aux côtés des agriculteurs, pour qu’ils se battent à Bruxelles, pour que ceux qui travaillent à une agriculture qui favorise la biodiversité et réduit l’usage de pesticides soient aidés au premier chef. Il faut que la société fasse corps avec eux pour qu’on marche vers quelque chose de différent.
Moins polluer l’eau : que faire à la maison ?
A notre échelle de consommateurs, de citoyens, nous pouvons déjà opérer quelques changements. Chaque geste compte ! Et même si l’on ne deviendra pas la famille zéro déchet en un claquement de doigts, on peut déjà modifier nos comportements, pas à pas. Je prends appui sur les conseils donnés par REGARD (programme de recherche scientifique avec pour but la protection & l’amélioration de la qualité de l’eau des milieux naturels de Bordeaux Métropole) en vous donnant ces 5 axes d’amélioration :
- Diminuer les doses : on a tendance à utiliser trop de shampoing, de liquide vaisselle, de lessive. En diminuant les doses on ne perd pas en efficacité mais on gagne beaucoup en qualité environnementale !
- Fabriquer ses produits maison : avec seulement quelques ingrédients naturels on peut fabriquer beaucoup de produits utilisés quotidiennement. Le meilleur moyen pour contrôler la composition de nos produits ! Entre autres la combinaison bicarbonate de soude, citron et vinaigre blanc est utile pour presque toutes les surfaces ! Je vous montrerai ça en stories 😉
- Diminuer le nombre de produits d’entretien : quelques produits suffisent pour répondre à nos besoins, et là encore, un produit fait-maison peut remplacer des dizaines de produits nettoyants achetés dans le commerce. Mieux que le 2 en 1 !
- Choisir des produits écologiques : pour cela tournez-vous vers les produits labellisés “écolabel”
- Consulter les associations et applications de consommateurs : elles décryptent souvent la composition des produits cosmétiques et d’entretien. Un simple scan de produit ou une recherche par le nom et vous saurez rapidement si le produit est clean ou catastrophique pour l’environnement et l’Homme.
♦ ♦ ♦ Je vous donne rendez-vous sur mon compte Instagram : je partage tout le moins de décembre avec vous quelques bons plans faciles à mettre en place et qui peuvent faire bouger les choses. Des astuces à intégrer à votre quotidien pour une meilleure préservation de notre eau.
Je termine cet article par les conclusions pleines d’espoir et inspirantes des deux grands témoins de ce Safe Water Summit, Isabelle Autissier et Jean-Louis Etienne.
Isabelle Autissier :
La nature a un temps de réponse rapide qui nous permet de voir les bons aspects de nos efforts. Quand on la laisse respirer, qu’on lui laisse des marges d’existence, qu’on diminue la pression de l’ensemble des polluants, on voit la nature qui revient et recommence à participer à nos vies. Et nous en avons besoin. C’est le signe le plus enthousiasmant, il est encore temps. Même si aujourd’hui on voit des problèmes, on a encore les moyens, la possibilité de repartir sur une meilleure vie. Autre point important : la mobilisation des citoyens qui se saisissent de leurs cartes à jouer, carte bancaire et carte d’électeur, pour dire “On veut que ce jeu soit gagnant”. C’est un bon signal.
Jean-Louis Etienne :
La nature nous offre un émerveillement formidable. Allez vous promener, regardez ces couleurs qu’on a aujourd’hui. L’apprentissage du regard c’est fondamental, parce qu’on a trop pris la Nature comme le décor de l’existence. Mais ce n’est pas le décor de l’existence ! Nous sommes la Nature, nous en faisons partie. Je ne peux que vous encourager à regarder les choses, rien n’est minuscule pour qui sait regarder.
*Article sponsorisé