J’aime répéter cette citation qui pare un des murs du restaurant Da Luigi à Bordeaux “Pour bien vivre il faut bien manger”. Or, savez-vous que “bien manger”, c’est tout un art?! Le Musée des Arts Décoratifs (un ancien hôtel particulier superbe) présente depuis le 19 janvier une étonnante exposition autour de cet art : “L’heure du souper ou l’art de bien manger aux XVII° et XVIII° siècles”.
“Un gourmand”, Gravure à l’aquitaine de Philibert-Louis Debucourt, 1803. (© Musée des Arts décoratifs et du Design, Bordeaux) |
Etonnante car elle nous conte l’évolution de la cuisine et l’histoire éphémère de ce que l’on appelait “souper”, qui fut vite remplacé par le dîner.
A une cuisine médiévale lourde et épicée, succède , au XVII° siècle, une cuisine, dite moderne, plus subtile et travaillée. Les ustensiles et la vaisselle présentés dans la petite cuisine reconstituée et dans les vitrines attestent de ce changement : le XVII° siècle sera celui du raffinement, du fameux service à la française.
Le souper est soumis à des codes très particuliers : tant de domestiques par convives, parfaite symétrie des plats, ustensiles de la même forme que le plat, pas de verres à tables…un vrai cérémonial chez les aristocrates.
Sur les pages d’un manuscrit on peut d’ailleurs constater l’incroyable mise en scène de ces soupers : plans de tables et menus sont préparés des semaines à l’avance et des croquis préfigurent carrément la disposition des plats sur la table. Tout est ficelé dans les moindres détails afin d’impressionner les convives !
La vaisselle, fonctionnelle et décorative à la fois, nous est présentée tel un trésor et on se plaît à l’observer avec une attention inouïe.
Confiturier, rafraîchissoir, fontaine à eau, beurrier, saupoudreuse à sucre, plats en trompe-l’œil, tant d’objets dont j’ignorais peu ou prou l’existence me semblent aujourd’hui d’une telle élégance !
Confiturier, rafraîchissoir, fontaine à eau, beurrier, saupoudreuse à sucre, plats en trompe-l’œil, tant d’objets dont j’ignorais peu ou prou l’existence me semblent aujourd’hui d’une telle élégance !
Dans la dernière salle, un clin d’œil est fait aux soupers libertins. Ici pas de domestiques et de services multiples durant le repas, tout est placé autour des invités afin qu’ils soient autonomes et libres de se livrer à leurs jeux de l’entrée aux desserts. Dans l’assiette, des mets aphrodisiaques, et dans les verres, vin blanc et champagne à foison.
Moi qui suis habituée aux expos d’arts plastiques, j’ai été conquise par cette visite très intéressante, accessible et fourmillant d’anecdotes géniales sur les mœurs de l’époque.
Je vous conseille vivement de la découvrir.
Je vous conseille vivement de la découvrir.
Pour briller en société
Saviez-vous qu’au XVII° siècle, l’ananas était très en vogue? Il n’était pas encore printé sur des tee-shirts ou décliné en lampes fluo comme aujourd’hui mais il était fièrement présenté en décoration lors de réceptions. Présenté oui, mais pas mangé ! Trop cher, il était souvent loué pour des occasions : une fois le souper terminé, l’ananas était renvoyé à l’expéditeur !
J’y vais!
Musée des Arts Décoratifs et du Design
39, rue Bouffard
Arrêt de tram A et B + Station Vcub : Hôtel de Ville
Tarifs
Plein tarif : 5 € / réduit : 2.5 € pour un accès à l’exposition et aux collections permanentes
Gratuit le 1er dimanche de chaque mois
Ouvert de 14h à 18h, fermé les mardis et jours fériés
5 commentaires
Merci ! J'avais eu l'occasion déjà de visiter ce très joli musée et d'avoir un aperçu des mœurs de l'époque autour du souper, mais je vais y retourner avec grand plaisir ! Isabelle
Avec plaisir ! si vous pouvez faire une visite guidée c'est encore mieux ! les médiateurs ont plein de petites anecdotes autour du souper, c'est vraiment intéressant !
Merci pour l'info Camille. Bise
avec plaisir !
Enfin, "l'art de bien manger" rue Bouffard… il y a de quoi s'interroger! 🙂