Mon premier post culture met à l’honneur l’un des mes écrivains fétiches: John Irving. Il sait mieux que personne tirer les ficelles du roman, opérant sans cesse des allers et retours dans le passé et le futur, brossant à merveille les portraits de ses protagonistes tout en peignant, en arrière-plan, l’Histoire, la grande.
A chaque lecture je me demande comment il a fait pour m’embarquer dans des histoires aussi loufoques et comment j’ai pu être assez aveugle pour ne pas voir que la clé de l’intrigue était sous mes yeux dès le départ !
Réponse : John Irving est un grand écrivain, très grand.
Si le beau septagénaire (parce qu’en plus d’être un grand écrivain, il est très beau non?) a écrit une quinzaine de livres, pour moi le coup de foudre a eu lieu à la lecture de son chef d’œuvre Le monde selon Garp – je ne dis pas best seller car chacun de ses romans est attendu avec impatience par le public & la critique et devient immédiatement numéro 1 des ventes de livres!
J’ai découvert avec Le monde selon Garp, l’univers de John Irving: des personnages qui entrent dans la vie sans savoir d’où ils viennent et qui cherchent à comprendre un passé trouble fait de secrets et de légendes.
Chez Irving les hommes se transforment aisément en femmes et les femmes peuvent être très masculines, le travestissement et le mélange des genres sont omniprésents. La sexualité est dépeinte sans fard, notamment les relations jugées interdites, adolescent et femmes âgées, relations extra-conjugales, homosexualité dans un décor puritain.
La figure parentale, souvent unique – un père ou une mère mais rarement les deux – est extrêmement importante, presque mythifiée. Autour de cette relation parent-enfant très forte, gravitent des personnages savoureux, hauts en couleurs: là un grand-père qui se déguise en femme, ici un coupable d’homicide involontaire, et que dire de cet ancien champion sportif, armoire à glace féministe qui cherche à devenir femme?
Son dernier roman (fabuleux!) dont le titre ” A moi seul bien des personnages” est emprunté à Shakespeare, est un beau résumé de ce que sont ses héros.
Mes lectures progressent et se transforment parfois en une chasse aux trésors, à la recherche des éléments caractéristiques de l’œuvre d’Irving. Derrière chaque livre se cache (presque) toujours une histoire d’ours, de lutteur, de troupe de théâtre, de prostituée, dans un décor de forêt du New-Hampshire, d’université américaine et de voyages en Europe.
Mais bien souvent ces nombreux dénominateurs communs apparaissent sans crier gare et c’est en refermant le livre que je me rends compte que les mêmes thèmes reviennent, sans pour autant aucune sensation de déjà vu!
La grande force de cet écrivain est d’explorer la complexité des rapports humains et de la construction identitaire sous toutes les coutures sans jamais tomber dans le psychologisant ni le pathos et en créant des personnages très attachants malgré (grâce à?) leurs nombreuses fêlures.
Un immense romancier à découvrir absolument !
Mes coups de coeur
– Le Monde selon Garp (adapté au cinéma avec Robin Williams et Glenn Close – belle adaptation mais commencez par le bouquin!!!)
– A moi seul bien des personnages
– Une prière pour Owen
– Dernière nuit à Twisted River
Je commence bientôt “Veuve de papier”… je vous en dirai des nouvelles 😉
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